L’égalité des territoires passe par les Régions

Publié le par l'agora de Bretagne

 

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Par Dominique RAMARD

 

Maire de Saint-Juvat (22)

Conseiller régional de Bretagne

Président de la Commission Environnement

 

 

« Ce n’est pas au marché de dessiner l’avenir des territoires ». Ainsi s’est exprimée la ministre de l’Egalité des territoires, le 22 février à Vesoul. Dans un discours dont on espère qu’il fera date, Cécile Duflot fixe un cap à un engagement de François Hollande. Le retour à une politique d’aménagement du territoire, c’est-à-dire la reprise en main par les pouvoirs publics de l’idée républicaine d’égalité est une condition sine qua non de la réalisation de la « République des territoires », qui se bâtira sur les deux piliers de la cohésion et de la justice.

 

Cette conviction, nous la partageons peut-être plus encore en Bretagne qu’ailleurs en France. Notre histoire est ainsi écrite, elle est faite de dépassements et de rassemblements pour inverser un destin et épouser un avenir choisi. Tout le monde garde en mémoire l’épisode du CELIB, la capacité des acteurs bretons à parler d’une seule voix pour un développement ambitieux et équilibré de la Bretagne. Nous avons ainsi une géographie originale qui fait réseau avec des grandes villes mais aussi des villes moyennes qui s’appuient sur l’activité économique des campagnes et du littoral. Nous avons aussi une vie associative et culturelle très active et supérieure à la moyenne nationale. Dans un monde abandonné à la fatalité de la compétition économique, nous avons jusqu’ici mieux préservé que d’autres le fameux « vivre ensemble » dont l’absence désoriente tant la société démocratique.

 

Si la concurrence est un fait dont il faut avoir la prudence de fixer les limites, elle ne signifie aucunement l’élimination de l’autre tout comme l’égalité ne se confond pas avec le nivellement par le bas. A appliquer une logique purement comptable de l’entreprise à l'État et aux collectivités locales, on se résigne à se couper d’une partie des territoires qui composent notre pays, ceux-là mêmes qui n’ont aucune chance de répondre à des critères purement compétitifs. In fine se couper de ses territoires revient à exclure une partie non négligeable de la population de ce pays. 

 

La réforme territoriale de Nicolas Sarkozy du 16 décembre 2010 a consacré cette vision profondément inégalitaire de la France en faisant la promotion des métropoles et de la compétition entre territoires. Que peut-il exister de plus conservateur et de plus ultralibéral que cette raison du plus fort ?  Les territoires les plus défavorisés devront-ils se contenter des miettes laissées par les territoires vainqueurs de la grande compétition mondiale ? N’est-il pas préférable de favoriser la coopération entre les hommes et entre les territoires, en fonction des ressources naturelles et des activités économiques ? Les avancées des uns ne seront profitables que si les solidarités avec les autres existent. Un territoire urbain qui accueille les activités économiques tertiaires n'aura pas d'avenir sans développement des solidarités avec les territoires ruraux environnants qui l'approvisionnent en eau, en alimentation, en matériaux et en énergie. Sous cet angle, la Bretagne est la Région la plus avancée au niveau français. L'aménagement solidaire et dynamique de ses territoires s'est fait dans le plus grand intérêt  pour les populations.  C'est dans ce sens de l'histoire qu'il nous faut poursuivre.


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