Métropolisation, un débat pour la forme ou le début d’une véritable réflexion ?

Publié le par l'agora de Bretagne

Par Christophe KERGOSIEN

 

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Les cinq agences d'urbanisme de Bretagne organisent un débat sur l'avenir des villes bretonnes, ce jeudi, aux Champs-Libre. A défaut d’un véritable débat politique sur un sujet qui intéresse pourtant l’ensemble des citoyens, il faut saluer cette initiative en espérant qu'elle constituera  une première étape. 

 

Le processus de métropolisation doit en effet être analysé de manière précise, sur les fondamentaux économistes et politiques qui l'animent, sur les enjeux qu'il pose, et sur ses conséquences. Une telle posture réclame de la sérénité et que chacun assume pleinement ses positions pour un débat intelligible qui s'appuie autant sur la réflexion intellectuelle que sur les rapports de force politique.

 

L’AUDIAR affirme que les villes sont en concurrence. C'est un fait et il n'est pas nouveau, il s'agit même d'une tautologie. Le problème posé n'est pas celui de la ville et pour le cas qui nous concerne d'une opposition de Brest et de Rennes au reste du territoire breton. Le problème posé est celui des villes qui épousent avec conviction le processus de métropolisation accéléré par la loi sur la réforme des collectivités de décembre 2010. 

 

L'intellectualisation même du terme « métropolisation » entend que la compétitivité, cette idée absurde et dangereuse soulignée par Paul KRUGMAN, est le moteur du développement. Cette idée ne serait pas remis en cause ce qui valide l'emploi du terme « processus » pour la caractériser. Dans ce cas de figure, nous nous inscrivons dans une réflexion technicienne sur la mécanique. Le processus induit la technostructure, c'est-à-dire comme l'avait analysé Jacques ELLUL un discours sur la technique qui fait abstraction du politique, la controverse sur l'origine de la technique proposée pour solution n'étant pas à l'ordre du jour. 

 

Ainsi, le politique en tant que personne cette fois-ci n'est là que pour accompagner le processus, au sens de « l’ordre spontané » de HAYEK et éventuellement limiter ses effets négatifs. « There is no alternative ! », le dogme TINA de Margaret THATCHER est toujours d’actualité, à droite comme à gauche, c’est lui, en instaurant l’autonomie du Marché, qui organise l’ensemble de la société. 

 

Le sociologue Luc BOLTANSKI, pour alerter sur l'absence dramatique d'esprit critique, disait que le débat politique se limitait trop souvent à déterminer l'emplacement de la virgule et qu'en aucun cas il s'intéressait au sens de la phrase. La fameuse pensée unique rode ainsi autour de ce débat et il va savoir l'écarter pour que celui-ci soit riche, à partir d'une problématique sérieusement posée, car il est profondément politique, le choix étant artefactuel.

 

 

Publié dans FONCIER

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